Le fond du blocage est légitime mais dans les faits ça me semble bien peu applicable.
Il y a la question du consentement sexuel à deux vitesses, l'origine du débat, la pornographie est-ce mal ? :
Le consentement sexuel se pose avant 18 ans en France à condition que les partenaires soient tous deux d'un age raisonnable afin d'éviter le détournement de mineur par la prise de pouvoir sur une personne fragile. Un adulte de 25 ans ou plus, pour l'exemple, possède naturellement un pouvoir sur un jeune de 15 ans, la loi est plutôt correct de ce point de vu et je n'y reviendrais pas. Mais dans ce cas, pourquoi le visionnage ne peut pas se faire à cet age ? Il ne s'agit pas d'un acte sexuel à proprement parler et la masturbation est légale à tout age. Il n'y a pas de détournement de mineur possible puisqu'il n'y a qu'un seul acteur participant, il se trouve devant son écran, c'est le spectateur. Donc il est possible pour deux jeunes de 16 ans d'avoir des rapports de nature sexuelle mais pas de visionner des images d'un acte sexuel entres adultes consentant. Ce n'est ni logique ni rationnel, on verse dans la dissonance cognitive.
Il reste alors la question des déviances sexuelles et du rôle de la femme et de l'homme, ce qui peut renvoyer à l'humain comme objet, mais là encore ce n'est pas la pornographie seule qui est coupable mais la norme sociale. Norme qui reste présente en dehors du cadre pornographique. De plus chacun pratique le sexe comme il le désire dans la mesure ou il y a consentement mutuel sans acte criminel. Il reste alors l'interdiction de la production et de la diffusion de pornographie avec des mineurs comme acteurs. C'est alors une autre histoire car ça traite de l'image, en effet on s'expose aux yeux de tous et c'est parfois compliqué pour des adultes, alors qu'ils sont mieux préparés à la vie en société et aux regards des autres que les ados. On réduit aussi le risque de harcelement, surtout sans y être préparé. On évite aussi le détournement de mineur par les producteurs, même s'ils ne sont pas acteurs.
Ensuite il y a la question du rôle de la société :
Le premier jalon de l'éducation, c'est les parents. L'état n'a pas de rôle à tenir dans l'éducation sexuelle de la population, si ce n'est que des mises en garde sanitaires telles que les campagnes pour le port du préservatif, où encore le contrôle de la démographie et surtout de l'age des parents via le planing familial (contraception). On évite les enfants qui ont des enfants et ne savent pas les éduquer, faute d'y être préparé. Donc c'est avant tout aux parents de se sortir les doigts du cul et de vérifier ce que leurs mouflets font sur le net. La société peut bien se garder de savoir ce que je fais avec mon cul et ce que je regarde sur internet. C'est du cadre de la vie privée et ça doit le rester. Donner des informations comme la Carte d'identité, ou pire encore, une carte bancaire en ligne sur des sites pornographiques dont les propriétaires ne sont pas forcement fiables c'est, à mon sens, une grave erreur. Et même en passant par un organisme de l'état, il subsiste le risque de filtrage entre l'ordinateur et le site cible. C'est également une grave introduction dans la vie privée, la vie sexuelle étant quelque chose qui est particulièrement délicat dans notre société. Et je n'ai pas envie que l'état (ou qui que ce soit) puisse lier mon nom à mes activitées sexuelles, quel que soit le nombre d'heures, le type de contenu pornographique, ou les sites que je consulte. C'est à mon sens la raison principale de mon refus face à ce genre de projet d'état.
Enfin il y a la question de l'applicatif :
Là ça devient compliqué, on filtre comment ? On filtre qui ? La pornographie est disponible partout et pas que sur pornhub. Ensuite, on filtre comment les sites étrangers, via le DNS ? C'est alors de la censure, alors même que le contenu est légal. Les jeunes sont beaucoup plus capables de s'adapter que les vieux qui nous dirigent. A 14 ans je n'arrivais me passer du code de contrôle du recepteur canalsat en jouant sur un exploit de bug avec la télécommande, et je n'avais pas internet à l'époque. Alors avec internet ça sera du gâteau de trouver des solutions. D'autant que nos jeunes sont nés avec des ordinateurs et un accès internet, nous non, alors c'est dire s'ils sont familiers de ces outils.
Voyons donc les failles possibles:
- Les sites de P2P comme torrent qui ne sont pas filtrés.
- Les sites de cloud comme MEGA ou Dropbox qui doivent un minimum de garanties concernant la vie privée de leurs utilisateurs.
- La copie physique, HDD, SSD, Pendrive, SD Card, CD, etc.
- Le grand frère, ou celui du copain, voir le copain lui même qui peut préter un accès (on se prétait des K7 Vidéo de cul au collège).
- Le VPN
- Le proxi
- Le site non répertorié
- Le site étranger
- Le partage de compte
- La vente de compte
- Les sites mixtes avec une section pronographique comme les forums et les image boards.
- Les sites en onion, ou tout ce qui n'est pas rendu public à Google et aux moteurs de recherche, comme le deep web.
Bref c'est une loi de merde, qui coute de l'argent au contribuable, oeuvre des pères la morale d'un autre temps. Loi qui ne changera rien, sinon de favoriser le sentiment de honte chez les adultes, sentiment qui finira par se tarir. L'utilisateur décomplexé, finira par peut-être même par débrider un peu plus la société. Un effet pervers, contre-productif, qui risque de faire monter la pornographie d'un cran sur le long terme. Au final, une usine à gaz de plus.
Et pendant ce temps la population déteste un peu plus l'état et ses représentants, impuissants (sur tous les plans). Je précise que je suis neutre vis à vis du gouvernement et de l'état. Je ne fais que constater la tendance.